Gears of War Reloaded : Le retour d’un mythe, mais avec ses rides (PS5)
Développé par The Coalition, en collaboration avec Sumo Digital et Disbelief, et édité par Xbox Game Studios, Gears of War Reloaded est sorti le 26 août 2025. Annoncé lors du Xbox Showcase 2024, ce remaster avait pour ambition de ramener le tout premier Gears of War (2006) sur le devant de la scène, remis au goût du jour avec la puissance des consoles modernes et en grande première, porté sur PlayStation 5. Après presque deux décennies d’exclusivité Xbox/PC, Marcus Fenix et ses comparses débarquent enfin chez Sony, histoire d’élargir encore l’armée de fans.
Code jeu fourni par l’éditeur Xbox pour la rédaction de ce test.
Genre : Action | Développeurs : The Coalition | Editeur : Xbox Game Studios | Date de sortie : 26/08/2025 | Classification : PEGI 18+
Une histoire qui commence en plein chaos
L’univers de Gears of War a toujours eu cette aura particulière : sombre, brutal, presque désespéré. Pourtant, pour quelqu’un qui découvre la série aujourd’hui avec Reloaded, l’expérience narrative a de quoi dérouter. On incarne Marcus Fenix, un soldat sorti de prison dès les premières minutes de jeu, sans véritable contexte ni explication limpide. Le joueur est catapulté dans un monde déjà ravagé, où les Locustes, des créatures monstrueuses venues des entrailles de la planète Sera, ont déjà semé le chaos. Aucun prologue, aucun résumé clair : l’histoire commence littéralement au milieu du film.
On comprend rapidement que l’humanité est au bord de l’extinction et que la Coalition des Gouvernements Unis (CGU) tente de survivre par tous les moyens. Marcus, accompagné de son ami Dom Santiago et d’autres soldats de l’escouade Delta, est envoyé en mission pour utiliser une sorte de bombe, une arme censée changer le cours de la guerre. Mais l’intrigue, bien que marquée par quelques scènes marquantes, la rencontre avec les Berserkers, ou encore les affrontements nocturnes, reste assez opaque pour un joueur moderne.
On retrouve les dialogues bruts de 2006, parfois maladroits et surtout très stéréotypés : des gros bras qui parlent fort et tirent d’abord, posent les questions après. Cela peut séduire par son côté « série B assumée », mais pour qui cherche une écriture plus subtile ou une immersion narrative complète, la frustration guette rapidement.
En 2025, avec la concurrence des productions narrativement riches, Gears of War Reloaded peine à cacher son âge. L’histoire reste un prétexte à l’action, et même si certains passages respirent l’intensité et la tension, l’ensemble souffre de son manque de clarté et d’épaisseur.
l’histoire commence littéralement au milieu du film
Graphismes et direction artistique : entre nostalgie et vieillesse assumée
Visuellement, Gears of War Reloaded a fait un véritable effort. La promesse technique est bien là : textures en 4K, HDR, framerate à 60 fps constant en campagne (jusqu’à 120 fps en multijoueur), éclairages retravaillés, reflets et ombres modernisés. Les environnements, autrefois sombres et ternes, profitent d’un meilleur contraste et d’une mise en valeur plus nette des détails architecturaux.
Mais malgré tout, impossible de se défaire de l’impression que l’on joue à un jeu qui date. Les modèles des personnages, même retouchés, gardent cette rigidité propre aux années 2000. Les animations faciales manquent de naturel, et certaines textures trahissent encore leur âge, surtout lorsqu’on sort de la cinématique d’intro flambant neuve. Cette scène d’ouverture, créée spécifiquement pour Reloaded, met une claque et donne l’illusion d’un remake en bonne et due forme. Malheureusement, une fois la manette en main, le contraste est rude : on repasse à un rendu qui, bien qu’amélioré, respire toujours 2006.
La direction artistique, en revanche, reste efficace. Ce mélange de décors gothiques et industriels, ce monde brutal rongé par la guerre, possède toujours une identité forte. On ressent encore cette ambiance oppressante, renforcée par les effets de lumière modernisés. Les intérieurs lugubres, les ruines et les couloirs étroits propices aux fusillades conservent une efficacité redoutable.
En somme, Reloaded propose un lifting solide mais pas révolutionnaire. Les vétérans verront sans doute dans ces graphismes modernisés un hommage respectueux. Les nouveaux venus, eux, risquent de trouver le tout vieillot, surtout à l’heure où la génération actuelle nous habitue à des productions photoréalistes.
En somme, Reloaded propose un lifting solide mais pas révolutionnaire.
Gameplay : un héritage lourd à porter
Côté gameplay, Gears of War Reloaded reste fidèle à son matériau d’origine, pour le meilleur comme pour le pire. On retrouve le fameux système de couverture, qui avait révolutionné les TPS en 2006. À l’époque, se coller aux murs et tirer à l’aveugle était une innovation ; aujourd’hui, c’est un standard que la plupart des jeux ont peaufiné et affiné.
Le problème, c’est que Reloaded conserve la lourdeur d’antan. Marcus se déplace avec une démarche pesante ; courir est remplacé par une sorte d’accélération accroupie peu pratique en dehors des phases de tir. Cela donne une impression de rigidité permanente, surtout pour des joueurs habitués à la fluidité des productions modernes.
Le cœur du gameplay reste les affrontements. Les vagues de Locustes arrivent régulièrement, forçant le joueur à alterner entre couvertures et tirs soutenus. Les sensations de tir sont toujours agréables : et l’arme-tronçonneuse, reste une arme mythique. Découper un ennemi au corps-à-corps procure encore un plaisir coupable. Mais en dehors de ça, l’arsenal reste limité à quatre slots, et la variété des armes est assez réduite comparée aux standards actuels.
Autre souci : la lisibilité des objectifs. Reloaded ne prend pas par la main, et souvent on se retrouve à errer sans vraiment savoir où aller. L’absence de marquage clair ou de système d’indication moderne (comme un marqueur ou un journal de quêtes détaillé) rend la progression confuse, surtout pour les nouveaux venus.
À cela s’ajoutent quelques bugs frustrants : scènes scriptées qui ne se déclenchent pas après avoir nettoyé une zone, forçant à relancer la sauvegarde, collisions étranges avec le décor, IA alliée parfois complètement à la ramasse. Certes, ce sont des reliques d’un autre temps, mais on pouvait espérer que Reloaded corrige davantage ces soucis.
Le gameplay reste donc solide dans son noyau, fusillades intenses, combats nerveux, ambiance oppressante, mais accuse fortement le poids des années. En 2006, c’était novateur. En 2025, cela peut paraître minimaliste et frustrant.
Le gameplay reste donc solide dans son noyau, fusillades intenses, combats nerveux
Multijoueur et coopération : le vrai point fort
Si la campagne laisse une impression mitigée, le multijoueur, lui, a bénéficié d’un vrai soin. Reloaded propose l’intégralité des 19 cartes multijoueur, toutes remasterisées avec des textures 4K et des améliorations visuelles notables. Les serveurs dédiés, désormais en 60 Hz, assurent une meilleure stabilité et réduisent les temps de latence.
Là où cette version marque des points, c’est dans sa philosophie de contenu. Pas de DLC payants, pas de boutique en ligne : tout est déblocable par la progression. Une décision rare en 2025, qui redonne un souffle old school bienvenu.
Le jeu propose également 8 modes PvP variés : Team Deathmatch, Roi de la colline, etc. De quoi satisfaire autant les nostalgiques que les nouveaux joueurs curieux.
Côté coopération, la campagne est jouable en duo, avec la possibilité de jouer en cross-plateforme. Que vous soyez sur Xbox, PC ou PlayStation 5, vous pouvez partager l’expérience avec vos amis. Mieux encore, la progression est cross-save, permettant de basculer d’une machine à l’autre sans perdre ses données.
C’est clairement dans ce volet multijoueur et coopératif que Gears of War Reloaded prend tout son sens en 2025. C’est ici que l’héritage de la saga brille encore, et que la nostalgie se marie le mieux avec les attentes modernes.
Quelques concept arts de Gears of War Reloaded
Conclusion
Gears of War Reloaded est un jeu paradoxal. Sa campagne, bien que culte, accuse fortement le poids des années : lourdeur du gameplay, narration confuse, bugs persistants. Les graphismes, malgré un lifting honorable, ne parviennent pas à masquer une certaine vieillesse. Pourtant, pour les fans de 2006, cette réédition sera un véritable voyage nostalgique.
Les plus
+ Fidélité à l’œuvre originale
+ Graphismes modernisés
+ Multijoueur complet avec 19 cartes et 8 modes
+ Cross-play et cross-save entre Xbox, PC et PS5
+ Pas de microtransactions, tout est déblocable en jeu
Les moins
– Narration confuse et mal contextualisée
– Gameplay lourd et rigide
– Progression peu claire, manque d’indications
– Bugs frustrants (scripts bloqués, IA maladroite)
– Arsenal limité et combats parfois répétitifs