Test de Bye Sweet Carole : Une fable sombre pleine de promesses




Développé par le studio indépendant italien Little Sewing Machine, et édité par Maximum Entertainment, le jeu a été officiellement annoncé en 2023 lors du Summer Game Fest 2023. Avec une direction artistique ambitieuse, dans un style d’animation traditionnelle dessinée à la main, évocatrice des grands classiques des dessins animés. Le projet mélange aventure, plateforme, énigmes, et ambiance à mi-chemin entre le conte féerique et l’horreur subtile.


Genre : Aventure – Réflexion | Développeurs : Little Sewing Machine | Editeur : Maximum Entertainment | Date de sortie : 09/10/2025 | Classification : PEGI 12+

Bye Sweet Carole
Plate-forme : Playstation 5 – Xbox – Switch – PC

Un mystère en terres féeriques

Bye Sweet Carole

Le récit place le joueur dans la peau de Lana Benton, jeune pensionnaire d’un internat strict du XIXᵉ siècle appelé Bunny Hall. Elle est marquée par une vie solitaire au sein d’un pensionnat censé former les jeunes filles selon les normes de l’époque : un cadre rigide, souvent oppressant.

Son amie proche, Carole Simmons, disparaît soudainement, laissant entendre qu’elle aurait quitté l’établissement de son plein gré. Toutefois, Lana ressent que quelque chose de plus sombre se cache derrière cette disparition.
Peu à peu, Lana est entraînée dans un monde onirique nommé Corolla, un royaume mystérieux où elle est appelée « Princesse ». Là, elle rencontre un personnage étrange et excentrique, Beastie, qui l’aide dans sa quête. Ensemble, ils essaient de lever le voile sur les secrets liés à Carole et découvrir ce qu’il lui est arrivé.

Le monde de Corolla n’est pas sans danger : d’étranges créatures faites de goudron ou de matières noires patrouillent, menaçant Lana. Curieusement, Lana se retrouve transformée en lapine, pouvant alterner entre sa forme humaine et cette forme lapine, ce qui lui permet d’accéder à des zones plus étroites ou de se déplacer différemment. Cette dualité de forme est un élément clé du gameplay et de la narration, symbolisant aussi son état psychologique et sa quête d’identité.

Le ton du jeu oscille entre douceur féerique à la manière d’un conte dessiné et une ambiance oppressante, presque horrifique : plutôt que des frayeurs brutales, l’oppression se ressent dans les poursuites, les cachettes, les espaces confinés et les cauchemars récurrents. Le narrateur ajoute une dimension de conte, renforçant cette atmosphère entre émerveillement et malaise.

Au-delà du mystère, le jeu aborde des thèmes forts : la solitude éprouvée par Lana dans l’internat, le harcèlement de la part de ses camarades, et les pressions sociales exercées sur les jeunes femmes du XIXe siècle. Le contexte historique évoque aussi les prémices du mouvement féministe en Grande-Bretagne, où les filles sont censées se conformer à certaines règles strictes, et Lana cherche à s’émanciper, à se libérer des contraintes imposées.

Le ton du jeu oscille entre douceur féerique à la manière d’un conte dessiné…

Bye Sweet Carole
Bye Sweet Carole
Bye Sweet Carole

Un visuel soigné digne des classiques animés

Bye Sweet Carole

L’un des atouts majeurs du jeu réside dans sa direction artistique, vraiment soignée : les décors sont fait à la main, les personnages sont animés « frame by frame », avec un style qui rappelle les films d’animation traditionnels, dans l’esprit des classiques Disney. Les décors, qu’ils soient intérieurs (chambres d’internat, couloirs sombres du pensionnat) ou extérieurs (jardins oniriques, passages étranges dans le royaume de Corolla), sont très variés et fourmillent de détails visuels, ce qui rend l’immersion particulièrement agréable.

Le mélange des phases de cinématiques et du gameplay en 2D est très harmonieux : les cinématiques offrent des plans plus larges, des transitions animées soignées, tandis que les phases jouables se présentent comme des tableaux interactifs dans lesquels on peut progresser, interagir avec les objets, résoudre des énigmes ou se déplacer d’un écran à l’autre. Cela donne l’impression de jouer dans un film d’animation interactif.

Les couleurs sont bien choisies pour accentuer le contraste entre les zones plus sombres, ternes, parfois inquiétantes, et les parties plus lumineuses, colorées ou féeriques. Cette dualité visuelle renforce le côté conte mais aussi le « malaise », avec des zones aux teintes plus pastels ou atmosphériques, puis des passages plus noirs ou saturés d’ombres. Le rendu général est joli, élégant, avec une esthétique propre et cohérente.

Le game design visuel joue aussi avec la notion de profondeur (parallax, couches d’arrière-plan et avant-plan) pour donner une impression de relief tout en restant sur un plan 2D, renforçant l’aspect tableau dessiné dans lequel le joueur évolue. Les objets interactifs ressortent parfois visuellement avec des icônes contextuelles, ce qui facilite l’interaction dans les environnements richement illustrés.

En somme, sur le plan visuel et design graphique, le jeu réussit à créer un univers à la fois féerique et troublant, visuellement impressionnant, avec beaucoup de soin dans les animations, les décors et l’atmosphère portée par le style artistique.

Le mélange des phases de cinématiques et du gameplay en 2D est très harmonieux

Un mélange d’aventure, d’énigmes et d’horreur subtile

Bye Sweet Carole

Le gameplay de Bye Sweet Carole combine plusieurs mécaniques : plateforme, puzzles à la manière de point & click, exploration et phases de fuite ou de cachette pour maintenir la tension. On collecte des objets dans l’inventaire, on les utilise dans l’environnement pour progresser. Cela rappelle les jeux d’aventure classiques, où chaque objet peut débloquer un passage, activer un mécanisme, résoudre une énigme environnementale ou débloquer une porte.

Un aspect intéressant est la transformation de la protagoniste, Lana, en forme lapine. Dans cette forme, elle peut accéder à des espaces plus étroits, sauter plus haut, se faufiler dans des passages inaccessibles à sa forme humaine. Cela ouvre des pistes de jeu variées : certaines énigmes ou zones exigent d’alterner entre les deux formes pour progresser, en exploitant les avantages de chaque forme (humain pour certaines interactions ou résistances, lapin pour agilité ou exploration fine).

De plus, un autre personnage rejoint l’aventure à certains moments, apportant une dimension supplémentaire au gameplay. Ce compagnon possède ses propres compétences ou particularités, ce qui permet de résoudre certaines énigmes en alternant entre Lana et ce personnage, enrichissant la variété des mécaniques et des approches pour avancer dans le monde du jeu.

La dimension horreur est subtile plutôt qu’effrayante : des créatures patrouillent dans les niveaux, cherchant Lana ou en forme lapine, ce qui impose au joueur de se cacher, de retenir sa respiration et d’éviter d’être détecté. Ces phases de poursuite apportent tension et stress, plutôt qu’un simple effet de peur brusque. On alterne entre moments paisibles (résolution d’énigmes, exploration) et moments plus oppressants (cachette, fuite).

Les phases de puzzles utilisent beaucoup d’interactions contextuelles : objets à collecter, leviers à actionner, mécanismes à manipuler. Ces puzzles ne sont pas forcément très ardus, souvent modérés pour rester accessibles, mais ils demandent un peu de réflexion, de recoupement d’objets d’inventaire et d’observation des environnements. Certains puzzles exigent de revenir sur ses pas pour utiliser un objet dans une zone revisitée, ce qui ajoute une dimension de progression non linéaire ou semi-linéaire.

Cependant, tout n’est pas parfait : on note des lenteur des déplacements dans certains cas, des contrôles parfois imprécis ou rigides, et des séquences de plateformes ou de sauts qui peuvent manquer de réactivité, ce qui peut diminuer un peu la fluidité du jeu.

Les séquences de combat sont rares ; elles apportent une dynamique plus ponctuelle, ce ne sont pas des combats principaux mais des moments où Lana doit affronter ou détourner certaines menaces, ce qui ajoute une variation agréable au rythme global. Ces combats ne dominent pas l’expérience mais viennent enrichir le contraste entre phases de calme (énigmes, exploration) et phases de tension.

Globalement, le gameplay est bien pensé, avec un bon équilibre entre énigmes, exploration et phases de tension. Le passage entre les formes humaines et lapines apporte une dimension intéressante, et l’ajout d’un compagnon renforce la variété. Malgré quelques défauts, le jeu reste très plaisant et immersif.

La dimension horreur est subtile plutôt qu’effrayante

Bye Sweet Carole
Bye Sweet Carole
Bye Sweet Carole

Une bande sonore évocatrice

Bye Sweet Carole

L’univers sonore du jeu contribue fortement à l’immersion. Bien qu’il ne soit pas doublé en français, les voix anglaises sont bien travaillées, avec des actrices et acteurs qui apportent une bonne qualité d’interprétation, notamment pour Lana ou le narrateur, ce qui renforce l’aspect conte un peu classique, comme si on écoutait un récit conté dans un vieux film d’animation.

Le narrateur joue un rôle fort du point de vue de la narration : il guide le joueur, installe l’ambiance, fait le lien entre les scènes, avec un ton qui mêle la douceur du conte féerique et une tension croissante à mesure que le mystère s’épaissit. Cela renforce le contraste entre le côté visuellement doux / style « Disney » et les éléments plus sombres ou oppressants du jeu.

La musique d’ambiance rappelle aussi les grands classiques des films d’animation : des thèmes mélodiques doux dans les phases calmes ou exploratoires, et des morceaux plus tensifs ou atmosphériques dans les scènes de poursuite ou d’énigmes oppressantes. L’ensemble sonore accompagne bien les transitions entre moments paisibles et moments stressants, aidant à installer un climat immersif, parfois nostalgique, parfois mystérieux.

Les effets sonores (bruits de pas, portes, couloirs sombres, mouvements des créatures) participent aussi à l’atmosphère oppressante. Dans les phases de fuite, le son devient plus désagréable, avec des respirations, des craquements, des ambiances plus sombres, accentuant le sentiment d’urgence et de menace.
En résumé, malgré l’absence de doublage français, la qualité des voix anglaises, la narration soignée et la musique bien dosée rendent l’expérience sonore très convaincante et immersive.

Quelques concept arts de Bye Sweet Carole


Conclusion



En conclusion, Bye Sweet Carole est une expérience que j’ai beaucoup appréciée. Le jeu réussit à mêler conte féerique et tension subtile avec beaucoup de soin dans la réalisation visuelle et narrative. Même si certains aspects du gameplay ou de la fluidité pourraient être améliorés, l’ensemble reste très plaisant et immersif. C’est un jeu à découvrir pour son univers, son atmosphère et son histoire.

Note : 4.5 sur 5.

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