Test de Ghost of Yōtei : Le souffle froid de la vengeance




Ghost of Yōtei est un jeu action-aventure à monde ouvert développé par Sucker Punch Productions et édité par Sony Interactive Entertainment. Le jeu est disponible depuis le 2 octobre 2025 en exclusivité sur PlayStation 5. Il s’agit du successeur de Ghost of Tsushima, se déroulant environ 300 ans après les événements de ce dernier, mais avec un scénario indépendant centré autour d’une nouvelle héroïne, Atsu. Révélé lors d’un State of Play en septembre 2024, il a suscité énormément d’engouement. Le jeu répond-il aux attentes ?


Genre : Action-Aventure | Développeurs : Sucker Punch Productions | Editeur : Sony Interactive Entertainment | Date de sortie : 02/10/2025 | Classification : PEGI 18+

Ghost of Yōtei
Plate-forme : Playstation 5

Vengeance, mythes et honneur

Ghost of Yōtei

Ghost of Yōtei se déroule en 1603, dans la région d’Ezo (ce qui correspond aujourd’hui à Hokkaidō), bien après les événements de Ghost of Tsushima. Le joueur incarne Atsu, une mercenaire solitaire hantée par le massacre de sa famille, perpétré seize années auparavant par un groupe mystérieux nommé les Six de Yotei.

Le motif principal est la vengeance. Atsu revient dans sa terre natale, érodée et sauvage, déterminée à pourchasser les six responsables de son traumatisme. Le jeu ne se contente pas d’une vengeance brute : au fil de sa quête, Atsu découvre des secrets enfouis, des liens inattendus, des alliances fragiles, et la possibilité que le passé et le présent soient plus liés qu’elle ne l’imaginait.

Dans sa progression, Atsu est épaulée par plusieurs alliés. Ces personnages apportent non seulement de l’aide en combat mais également de la profondeur narrative : chacun a ses motivations, un passé, et des dilemmes moraux propres.

Bien que ça soit un open-world, il faudra suivre le scénario pour débloquer des zones à explorer afin d’avoir une liberté.

Le scénario joue sur les thèmes de la culpabilité, de la résilience, de l’identité, notamment d’une héroïne marquée par la perte, mais animée par la détermination. Les flashbacks sont intégrés de façon fluide, souvent directement en jouant des séquences dans le passé qui éclairent les motivations d’Atsu.

L’univers visuel et esthétique renforce l’ambiance tragique et mystique : la nature sauvage, les forêts enneigées, les montagnes imposantes autour du Mont Yōtei, les champs de fleurs sauvages, font contraste avec les villages en ruine, les incendies, les cendres et la destruction. L’environnement lui-même devient un personnage : la météo, la lumière, les éléments de décor racontent l’histoire autant que les dialogues.

Au final, Ghost of Yōtei propose une intrigue qui, sans révolutionner le genre de la vengeance samouraï, le revisite avec soin, nuances et quelques surprises. Le choix de ne pas faire de Jin Sakai, mais de partir sur un monde plus lointain dans le temps qui allège les attentes vis-à-vis du passé tout en permettant au studio de bousculer certains codes.

Le motif principal est la vengeance.

Ghost of Yōtei
Ghost of Yōtei
Ghost of Yōtei

L’immensité du Mont Yotei

Ghost of Yōtei

Ghost of Yōtei brille dès les premières images par son ambition visuelle. Le jeu exploite pleinement la puissance de la PlayStation 5 : textures haute résolution, éclairage dynamique, réflexion, ombres portées, distance d’affichage impressionnante.

Les panoramas autour du Mont Yōtei ou dans les forêts du nord japonaise impressionnent : les prairies balayées par le vent, les arbres qui dansent, les neiges changeantes, tout est pensé pour donner un sentiment d’immersion. Le rendu est souvent comme une impression peint à la main, avec une direction artistique qui privilégie la beauté contemplative autant que l’efficacité technique.

Chaque zone a une identité visuelle forte : une vallée enneigée, une toundra, un marais automnal, des villages de montagne ou des ruines anciennes, chaque décor contraste et marque une étape. Le soin apporté aux décors, aux ruines, aux détails, lanternes, gravures, motifs, arbres, renforce le sentiment d’un monde vécu.

Les personnages sont bien modélisés : Atsu et ses alliés, les antagonistes, les PNJ, les guerriers ennemis, tous bénéficient d’un rendu soigné, notamment au niveau des traits du visage, des expressions et des vêtements mais révolutionner. Les animations sont fluides, surtout les séquences de combat : rotations, esquives, enchaînements, coups, sauts, transitions, le tout donne l’impression d’une chorégraphie guerrière.

Un élément visuel marquant : les modes cinématiques alternatifs. En plus du mode classique, Ghost of Yōtei ramène le Kurosawa Mode (noir & blanc avec grain, effets de vent, ambiance à la Akira Kurosawa) et le Miike Mode (caméra rapprochée, ambiance plus crue, réalisme des combats). Ces options attachent une dimension artistique forte, permettant aux joueurs de choisir l’atmosphère qui les séduit le plus.

Les effets visuels (fumée, feu, vent, éclaboussures, poussière, collisions) sont convaincants sans sombrer dans l’excès. Lors des affrontements majeurs ou en bordure de falaise, la caméra se déploie, joue avec la distance pour magnifier l’impact.

Certes, il pourrait y avoir des limites : certains PNJ de fond peuvent manquer d’animation, certains visages loin peuvent paraître moins détaillés, et quelques transitions de chargement sont perceptibles. Mais globalement, Ghost of Yōtei se présente comme un titre qui dépasse les attentes visuelles d’une exclusivité PS5.

Les panoramas autour du Mont Yōtei ou dans les forêts du nord japonaise impressionnent

Le cœur du jeu

Ghost of Yōtei

Le gameplay de Ghost of Yōtei s’inscrit dans la lignée des jeux d’action samouraï mêlant combat, discrétion, exploration et structure ouverte. Mais il sait aussi ajouter ses propres touches pour se démarquer.

Le monde du jeu est structuré en régions interconnectées, chacune avec ses particularités, ses routes sinueuses, ses points d’intérêt, ses secrets. Atsu se déplace à pied ou à cheval, traverse forêts, montagnes, vallées, fleuves, et chaque détour peut cacher une mission secondaire, un artefact, un secret. Le monde n’est pas gigantesque comme certains open worlds génériques : il privilégie la densité plutôt que le vide, ce qui rend chaque zone mémorable.

La campagne principale adopte une structure non linéaire mais pas totalement. Il faut suivre un minimum l’histoire pour avoir accès à de nouvelles zones. Tout n’est pas explorable d’entrée de jeu.

Des activités annexes viennent épauler l’histoire. Elles servent à renforcer l’équipement, gagner des ressources ou découvrir des pans narratifs secondaires.

Atsu dispose d’un panel d’armes varié, chacune avec son style et même une arme à feu parmi les armes à distance. Il existe un système de contres par arme : selon l’arme utilisée, Atsu dispose d’options de riposte spécifiques contre certains archétypes ennemis.

Chaque arme a un style propre, des combos, des techniques spéciales, des compétences à débloquer. Le joueur est encouragé à maîtriser plusieurs armes pour faire face à la diversité des ennemis. Le fusil à mèche apporte une touche de variété, des combats à distance, des stratégies mixtes mêlant tir et mêlée.

La sensation des combats est souvent louée : le rythme est à la fois nerveux et précis. Chaque enchaînement, chaque esquive, chaque parade compte. Certains combats deviennent de véritables joutes où la gestion du positionnement et du timing est cruciale. Le joueur peut alterner entre furtivité et affrontement ouvert selon le contexte.

À mesure de l’histoire, Atsu gagne des niveaux, débloque des compétences (passives et actives) et peut améliorer ses armes, son armure, ses accessoires. Le loot est gratifiant, avec des pièces d’équipement offrant des bonus (dégâts, vitesse, résistances, effets spéciaux) et invitant à une certaine optimisation.

Le jeu propose aussi des séquences de flashback intégrées, où le joueur joue des moments du passé pour comprendre le traumatisme d’Atsu et connecter émotionnellement les motivations. Cela rend le récit plus organique et évite des coupures nettes entre narration et gameplay.

La plus grande force du jeu est l’équilibre entre familiarité (le style samouraï, les combats, l’exploration) et nouveautés. Le jeu sait capter l’attention, pousser le joueur à explorer chaque recoin, à expérimenter différentes techniques, à revenir sur des zones pour trouver ce qu’on a loupé.

Même si Ghost of Yōtei s’efforce de traiter le sujet de la vengeance avec nuance, il peut rester prévisible à certains moments. De plus, comme souvent dans les mondes ouverts, certaines missions secondaires ou activités peuvent sembler répétitives ou servir de remplissage.

Malgré ces points, le jeu a un fort potentiel pour être addictif, captiver par ses combats, son monde, et son ambiance.

Le gameplay de Ghost of Yōtei s’inscrit dans la lignée des jeux d’action samouraï

Ghost of Yōtei
Ghost of Yōtei
Ghost of Yōtei

L’immersion sonore

Ghost of Yōtei

La bande-son de Ghost of Yōtei respecte l’âme japonaise avec subtilité. Le compositeur Toma Otowa apporte des thèmes orchestraux mêlés à des instrumentations traditionnelles (shamisen, flûte, percussions japonaises). Les musiques d’ambiance s’adaptent aux régions, des mélodies plus contemplatives pour les zones paisibles, des thèmes plus ténébreux ou intenses lors des combats ou dans les moments narratifs forts.

Les bruitages sont immersifs : le claquement des lames, les frottements d’armes, les bruits de nature, vent, feuilles, ruisseaux, renforcent la sensation d’un monde vivant. Le son 3D dans un casque est mis à profit pour localiser les ennemis ou sentir l’environnement.

Globalement, l’ambiance sonore sert très bien l’immersion : elle n’est pas tape-à-l’œil, mais elle contribue activement à donner de la vie, de l’émotion et du relief à l’aventure d’Atsu.

Quelques concept arts de Ghost of Yōtei


Conclusion



Ghost of Yōtei est une belle promesse : un jeu qui conjugue finesse, ambiances, direction artistique soignée et gameplay inspiré. Il améliore les fondations de Ghost of Tsushima sans réinventer complètement la roue, mais en la polissant et en y ajoutant sa propre personnalité. Le choix narratif de la vengeance, l’arsenal multitâche et les modes cinématiques artistiques sont des atouts solides. Il faudra peut-être accepter quelques missions secondaires plus classiques ou des moments un peu convenus, mais globalement, le jeu a tout pour séduire les fans d’action, d’ambiance japonaise et d’aventures épiques.

Note : 4.5 sur 5.

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