Test de Tormented Souls II – Le cauchemar continue

Après un premier opus sorti en 2021 qui avait séduit les amateurs de survival horror rétro, Tormented Souls II signe le grand retour de Caroline Walker dans une aventure encore plus macabre. Développé par le studio chilien Dual Effect et édité par PQube, le jeu est sorti le 23 octobre 2025. L’annonce de cette suite avait suscité beaucoup d’enthousiasme, notamment parce que les développeurs avaient promis de conserver l’esprit du premier épisode tout en renforçant la narration et les mécaniques de peur. Cette fois, le cauchemar nous emmène dans les montagnes du sud du Chili, dans la ville de Villa Hess au cœur d’un couvant mystérieux, où la frontière entre réalité et hallucination devient aussi mince qu’un rayon de lumière vacillant.
Genre : Survival-Horror | Développeurs : Dual Effect | Editeur : PQube | Date de sortie : 13/10/2025 | Classification : PEGI 18+

Des sœurs unies par la terreur

Suite aux événements traumatisants survenus à l’hôpital Wildberger, Caroline Walker tente de retrouver une vie normale auprès de sa jeune sœur Anna. Mais la paix retrouvée n’est qu’une illusion. Peu à peu, Anna montre des signes d’un mal étrange : elle est hantée par des visions de mort et de souffrance, obsédée par des dessins représentant des créatures monstrueuses qu’elle semble incapable d’expliquer. Ce qui n’était d’abord qu’un exutoire devient vite une malédiction, car les abominations issues de ses croquis commencent à prendre vie dans le monde réel.
Animée par un amour inconditionnel pour sa sœur, Caroline entreprend un voyage désespéré vers Villa Hess, une ville isolée nichée au cœur des montagnes du sud du Chili. Là, elle découvre un couvent aux allures de refuge bienveillant… en apparence. Derrière les sourires feints des soeurs et les couloirs immaculés des lieux, une horreur silencieuse se terre, prête à engloutir tout ce qu’elle touche.
Très vite, Caroline comprend que ce couvent cache une vérité inavouable, mêlant expériences humaines, rituels occultes et manipulations mentales. L’histoire s’épaissit au fil des découvertes, multipliant les journaux, les notes et les indices à explorer.
Ce second volet mise davantage sur la relation entre les deux sœurs, offrant un récit plus émotionnel que le premier. La détresse d’Anna, la culpabilité de Caroline, et la tension constante de ne pas savoir si tout cela est bien réel créent une dimension psychologique plus profonde. Le scénario conserve cette écriture volontairement cryptique propre aux survival horror old school, où chaque pièce visitée raconte un fragment de l’histoire, et où la peur naît autant des non-dits que des cris.
Là, elle découvre un couvent aux allures de refuge bienveillant… en apparence.
L’ombre et la lumière

Visuellement, Tormented Souls II reste fidèle à son héritage. Le jeu n’a pas la prétention d’un triple A, mais il affiche une direction artistique remarquable et une ambiance visuelle maîtrisée. Les développeurs ont choisi une esthétique volontairement sombre, jouant constamment avec les contrastes entre obscurité et lumière. Ce choix n’est pas qu’un effet de style : ici, la lumière est vitale. Sans elle, Caroline succombe aux ténèbres, littéralement.
Les jeux d’éclairage sont saisissants : un simple rayon de briquet, la lueur d’une bougie ou le halo tremblotant d’une ampoule deviennent des sources de tension pure. L’obscurité est omniprésente, épaisse, presque palpable. Elle cache les horreurs, déforme les couloirs et rend chaque pas angoissant.
Les décors, quant à eux, sont superbement détaillés. Le couvent et ses abords dégagent une atmosphère pesante, religieuse, avec des symboles occultes et une architecture gothique imprégnée de mystère. Chaque salle semble raconter sa propre histoire, entre les instruments médicaux rouillés, les murs tachés de sang séché et les ombres qui se déplacent sans explication rationnelle.
Certes, Tormented Souls II montre parfois ses limites techniques. Les animations faciales manquent de naturel, et quelques mouvements de personnages peuvent paraître rigides. Mais ces défauts s’oublient rapidement face à la cohérence visuelle du jeu et à son hommage assumé aux titres des années 90 comme Resident Evil ou Silent Hill. L’esthétique volontairement rétro, mêlant textures modernes et mise en scène old school, crée un charme singulier. En somme, Tormented Souls II parvient à offrir une immersion visuelle intense, où chaque recoin du décor devient un potentiel danger.
Ici, la lumière est vitale, sans elle, Caroline succombe aux ténèbres…
Un hommage maîtrisé au survival horror des années 90

C’est sur le plan du gameplay que Tormented Souls II assume pleinement son héritage rétro. Dual Effect reprend la formule qui avait séduit les fans du premier opus : caméras fixes, exploration lente, gestion de ressources et puzzles complexes. Un choix audacieux à l’heure où la plupart des jeux d’horreur modernes misent sur la fluidité et la mise en scène dynamique.
Les plans de caméra fixes sont à la fois un atout et une source de frustration. D’un côté, ils renforcent la mise en tension : ne pas voir ce qui se trouve au-delà d’un angle, entendre des bruits sans savoir d’où ils viennent, cela crée un stress constant. De l’autre, ces changements de plans imposent de réajuster sans cesse la direction du joystick, ce qui peut être déstabilisant, surtout lors des affrontements. Il n’est pas rare de se retrouver à avancer vers un ennemi sans le vouloir simplement parce que la caméra a basculé.
Les combats, justement, restent très rigides. Caroline n’est pas une guerrière, et cela se ressent : les mouvements sont lents, la visée peu précise, et chaque tir compte. Les munitions et les soins sont rares, ce qui oblige à réfléchir avant chaque confrontation. On retrouve ce frisson de survie typique des Resident Evil d’époque : dois-je affronter ou fuir ? Est-ce que je peux me permettre d’utiliser cette balle maintenant ?
Le système d’inventaire reprend lui aussi les codes du genre, avec des objets à combiner ou examiner minutieusement pour progresser.
Mais c’est surtout dans ses énigmes que Tormented Souls II s’impose. Le jeu regorge de puzzles à l’ancienne, parfois d’une complexité redoutable. Certains demanderont de manipuler des objets, d’autres de décrypter des symboles ou d’observer attentivement les décors. Ces moments peuvent être à double tranchant : la satisfaction est immense lorsqu’on trouve la solution, mais la frustration n’est jamais loin après une heure à tourner en rond.
Cette dimension de réflexion donne au jeu un rythme lent mais gratifiant, renforçant le sentiment d’être prisonnier d’un lieu dont il faut comprendre la logique pour s’en échapper.
À cela s’ajoute la gestion du briquet, un élément central du gameplay. Caroline doit jongler entre sa source de lumière et ses armes : impossible de tirer tout en tenant le briquet, il faut donc trouver un coin éclairé pour se défendre. Cette mécanique ajoute une tension permanente, car le moindre faux pas dans l’obscurité peut être fatal.
Entre exploration, résolution d’énigmes, et survie minutieuse, Tormented Souls II parvient à capturer l’essence du genre survival horror, sans trahir ce qui faisait le charme des classiques tout en y apportant une touche moderne.
Les combats, justement, restent très rigides. Caroline n’est pas une guerrière, et cela se ressent
Le cri du silence

L’univers sonore de Tormented Souls II joue un rôle fondamental dans son efficacité horrifique. Ici, pas besoin de musique omniprésente : le silence est une arme. Chaque craquement de bois, chaque goutte d’eau, chaque respiration de Caroline prend une dimension angoissante. Le joueur apprend à craindre les sons qu’il entend, mais aussi ceux qu’il n’entend plus.
Les effets sonores sont précis et bien dosés. Les pas résonnent différemment selon les surfaces, les grognements lointains annoncent une menace invisible, et les murmures étouffés derrière les murs donnent le sentiment que la clinique entière est vivante.
La musique, quant à elle, intervient avec parcimonie, souvent pour souligner une révélation ou un moment de tension extrême. Les thèmes mélancoliques rappellent parfois Silent Hill 2, avec une tonalité à la fois triste et oppressante. Le doublage reste correct, bien que certaines répliques manquent de naturel, mais l’ensemble contribue à maintenir une atmosphère sonore d’une efficacité redoutable.
Tormented Souls II ne cherche pas à effrayer par le volume ou les jumpscares gratuits : il préfère faire monter la peur par le son, jusqu’à ce que chaque couloir plongé dans le silence devienne insoutenable.
Quelques concept arts de Tormented Souls II
Conclusion
En somme, Tormented Souls II est une suite solide et fidèle à l’esprit du premier opus, tout en enrichissant son univers et en renforçant son aspect narratif. On y retrouve tout ce qu’on aimait dans le survival horror old school : la peur, la tension, la lenteur assumée et la satisfaction de progresser à la force de la réflexion.
Certes, le jeu reste imparfait sur le plan technique et un peu rigide dans ses combats, mais son ambiance magistrale, sa direction artistique inspirée et ses énigmes exigeantes en font une expérience marquante pour les amateurs du genre. J’y ai pris un vrai plaisir, même si je dois reconnaître avoir ressenti un peu moins d’émerveillement que lors du premier épisode. Tormented Souls II reste néanmoins un excellent hommage à une époque où le survival horror faisait trembler d’un simple bruit de porte.
Les plus
+ Ambiance oppressante parfaitement maîtrisée
+ Direction artistique sombre et inspirée
+ Puzzles exigeants et gratifiants
+ Gestion de la lumière ingénieuse et stressante
+ Fidélité aux classiques du genre (Resident Evil, Silent Hill)
Les moins
– Combats rigides et frustrants
– Caméras fixes parfois maladroites
– Animations faciales datées
– Certaines énigmes trop obscures ou peu intuitives









